MAJ 080619

Il y a un an je vous parlais d’un livre qui avait largement influencé ma façon de jardiner : Le jardin anticrise de Rodolphe Groléziat. Et puis, il y a eu Demain, le film.

L’un des portraits présentait un couple, un couple un peu à part ayant décidé de changer de vie, l’un pour déposer ses amarres, l’autre pour se mettre au vert.

Je ne sais pourquoi j’ai été particulièrement touchée par ce témoignage : peut être ai-je été émue par leur passion pour leur activité, par la beauté de leur “jardin” ou tout simplement par l’incroyable résultat de leur expérience.

Car la ferme du Bec Hellouin est un lieu expérimental où Perrine et Charles Hervé-Gruyer tentent et expérimentent de nouvelles approches de la culture vivrière et avec succès. J’ai donc voulu en savoir plus et me suis empresser de lire leur livre. Permaculture, guérir la terre, nourrir les hommes. (n’existe plus qu’en ebook)

 


Permaculture, Guérir la Terre, nourrir les Hommes, quel titre !

La terre est-elle malade ? Certainement et ce n’est pas moi qui le dit. Un rapport de 2011 de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations*) le SOLAW, présente l’état des ressources en terre et en eau pour l’agriculture.  Ce rapport affirme que 25 pourcents des terres sont dans un état de dégradation extrême.

Alors comment peut-on bien cultiver sur une terre malade …

Charles et Perrine Hervé-Gruyer nous expliquent dans ce livre qu’il est possible d’avoir une pratique culturelle intensive tout en préservant, voire en améliorant le sol. Ils obtiennent des rendements incroyables sur de toutes petites surfaces, à la main, et montrent par exemple, qu’un maraîcher peut vivre en se dégageant un salaire honorable avec seulement 1000 m2. Et lorsque je regarde mon jardin, je me dis que j’ai un trésor qui dort.

D’autres expériences pour exemples

Pour développer leur pratique, les auteurs ont fait le tour du monde (souvent grâce à internet) pour s’inspirer d’autres pratiques : les peuples primitifs, la permaculture avec Bill Mollison et David Holmgren, des cultures en terrasse de Sepp Holzer, John Jeavon et la microagriculture biointensive en buttes , Eliot Coleman avec une approche biointensive en planche de 75 cm, les jardiniers maraîchers parisiens du XIX … Toutes ces rencontres les ont inspiré et leur ont permis de développer leur conception d’une microferme.

 

le concept de microferme

Je ne dévoilerai pas tout ici mais j’aime beaucoup le concept développé.

Plus la ferme est petite et plus elle est productive par unité de surface nous disent-ils. Les techniques utilisées ne permettent pas la mécanisation. Il est donc impossible de développer des fermes de plusieurs hectares. Mais qu’importe puisque les techniques biointensives permettent d’optimiser le rendement tout en améliorant le sol et qu’une surface de 1000m2 peut être suffisante. Perrine et Charles Hervé Gruyer imaginent ainsi des microfermes de moins de 3 hectares dont 1000m2 seraient consacrés à la culture vivrière, le reste pouvant servir pour bâtir une maison éco-conçue pour la famille, planter une forêt-jardin pour récolter des fruits et petits fruits transformés sur place, installer des mares et/ou des étangs piscicoles, des réserves de biodiversités … Mais ils ne s’arrêtent pas là et redessinent le paysage avec des écosystèmes de microfermes aux activités complémentaires, mutualisant une partie de leurs besoins, échangeant leurs ressources (le déchet de l’un devenant la ressource de l’autre), entourées d’artisans …  car le tout est davantage que la somme des parties… J’aime beaucoup ce que j’imagine à cette lecture.

Ce livre donne l’espoir d’une agriculture plus respectueuse de notre environnement, mais également des hommes. Il montre qu’avec des pratiques, finalement simples, concrètes, réalistes, mais nécessitant un bon apprentissage, on peut restaurer notre paysage, reforester, augmenter la biodiversité tout en nourrissant la population. Ce livre n’est pas un manuel technique** et je l’ai regretté un moment mais il m’a donné envie de retourner au jardin pour tester certaines choses, mais à mon échelle.

 

2 techniques que j’aimerais tenter ici : la densification des cultures et la forêt jardin

 

La “plaie” en jardinage : le désherbage et bien évidemment, pour moi, à la main. Alors quand je lis dans ce livre qu’il est possible de semer des carottes tous le 6,5 cm au lieu des 30 cm recommandés, je comprends vite l’intérêt : moins d’adventices, donc moins de désherbage et plus de légumes au m2. Intéressant non, alors, je vais tenter …

Souvent lorsque je regarde la haie qui entoure en partie “notre” terrain, je trouve qu’il y manque quelque chose. Si je la compare aux haies de nos bocages constituées de 5 étages : des arbres, des arbustes, des arbrisseaux, herbacées et couvre-sol, je me rends compte qu’il n’y a pas d’arbres dans ma haie, ce qui la rend monotone. Alors je me dis que j’aurais bien aimé avoir eu l’idée d’y planté des arbres fruitiers … Et j’imaginais une haie avec des arbres fruitiers et des arbrisseaux à fruits, car quitte à planter un arbre, pourquoi ne pas en cueillir les fruits. En lisant ce livre j’ai découvert qu’il s’agissait de forêt jardin sous forme linéaire et l’idée me plait beaucoup. En plus je viens de faire un peu de place … (je vous en dis plus bientôt).

Alors vais-je transformer mon jardin en microferme ? Non, bien sûr, je ne tenterai pas l’aventure de devenir maraîcher professionnel. Mais par contre améliorer mon potager, allez un peu plus loin vers l’autonomie … pourquoi pas !

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Je vous invite à aller visiter le site de la ferme du Bec Hellouin : les photos sont magnifiques et vous y trouverez également un fond documentaire. Vous pouvez également les suivre sur leur page facebook.

Il y a peu Natasha des Echos verts nous avait fait partager sa lecture de ce même livre. Je vous invite à lire son article très intéressant.

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* FAO : Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture
** Perrine et Charles Hervé-Gruyer nous annonce dans ce livre qu’un manuel plus technique est en cours de rédaction. J’ai hâte de le lire ! Il est en vente depuis mai 2019 : Vivre avec la terre – Méthode de la ferme du Bec Hellouin

3 réponses

  1. Bonjour Edith, merci pour ce commentaire. Un salut de ma part à Charles et Perrine, j'aime vraiment ce qu'ils font. Vivant dans une région très agricole, leur témoignage me redonne espoir. Il y a des alternatives au tout chimique, au démembrement de nos haies, à la stérilisation de nos terres … Il est possible de prendre soin de notre terre nourricière tout en alimentant la population humaine et toute la faune avec laquelle nous partageons ce tout petit caillou.

  2. Bonjour,
    Je découvre votre blog ce soir par l'intermédiaire de Basta ! et je vais de sourires en étonnements. J'ai grandi à Nort-sur-Erdre et nous avons peut-être été à l'école ensemble ! Et il s'avère que je travaille à la Ferme du Bec Hellouin sur laquelle vous venez d'écrire un article dans votre blog … Je me laisse 2-3 soirées pour lire tous les articles de fond en comble et je ne manquerai pas de vous contacter, je pense. A bientôt ! Edith

  3. Merci pour ton article très intéressant. J'ai hâte de découvrir l'évolution de ton jardin!!! Je suis moi aussi bien motivée de le faire évoluer cette année. La permaculture a l'air très intéressante, mais je trouve difficile de savoir ce qui se cache derrière le concept. J'aimerais bien un ouvrage pratique sur la permaculture au jardin…Lucille

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