La chélidoine, Chelidonium majus

Voici une plante peu connue et qui me fascine. J’ai un amour très particulier pour cette famille botanique : les papavéracées. Je vous passe les considérations toxiques de ces plantes. Ma relation ne vient pas d’un usage illicite ;). Non j’adore la simplicité du coquelicot. J’ai toujours aimé le rouge éclatant et la fragilité de ses pétales, le voir ponctue les champs de céréales. Et puis, je lui doit une fière chandelle : grâce à lui (et mon travail), j’ai réussi mon examen de botanique à la fac. La famille des Papaveraceae est très variée : on y trouve entre autres le coquelicot rouge (Papaver rhoeas) , le pavot de californie (Eschscholzia californica), la fumeterre (Fumaria officinalis – pas toujours inclus dans cette famille), le pavot (Papaver somniferum) et donc la chélidoine (Chelidonium majus) et bien d’autres … plus de 250 espèces.

Ces plantes sont riches en alcaloïdes leur conférant une large partie de leurs propriétés et se caractérisent par la production d’un “lait” ou latex.

Plante sauvage emblématique des bords de chemins et des vieux murs, la chélidoine (Chelidonium majus) est reconnue depuis l’Antiquité pour ses nombreuses propriétés médicinales. Utilisée principalement pour ses effets sur la peau et le foie, elle continue d’intriguer par ses usages traditionnels et ses précautions d’emploi.

Dans cet article, je vous propose de découvrir cette plante fascinante, ses bienfaits, ainsi que les conseils essentiels pour l’utiliser en toute sécurité.

Introduction

La chélidoine, connue scientifiquement sous le nom de Chelidonium majus, est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Papavéracées. Souvent aperçue au bord des chemins, dans les friches ou les vieux murs, elle attire l’attention par ses petites fleurs jaunes et son latex orangé caractéristique. Depuis l’Antiquité, cette plante est utilisée pour ses propriétés médicinales, notamment dans le traitement des affections cutanées et des troubles hépatiques.

Cependant, malgré ses usages traditionnels, la chélidoine suscite aujourd’hui des débats en raison de sa toxicité potentielle. Cet article propose une exploration approfondie de cette plante, en abordant sa description botanique, ses composés chimiques, ses usages traditionnels, les recherches scientifiques actuelles, ainsi que les précautions d’emploi.

1. Description botanique de la chélidoine

Identification

La chélidoine est une plante herbacée vivace pouvant atteindre jusqu’à 1 mètre de hauteur. Elle possède des tiges ramifiées et légèrement poilues. Ses feuilles sont profondément découpées, d’un vert clair sur le dessus et plus pâles en dessous. Les fleurs, de couleur jaune vif, sont composées de quatre pétales et apparaissent généralement d’avril à septembre. Lorsqu’on casse une tige ou une feuille, un latex jaune-orangé s’en écoule, caractéristique de la plante.

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Habitat et répartition

La chélidoine est originaire d’Europe et d’Asie occidentale, mais elle est désormais présente dans de nombreuses régions tempérées du monde. Elle affectionne les sols riches en azote et se développe souvent dans les zones perturbées, telles que les bords de routes, les terrains vagues et les murs anciens.

2. Histoire et traditions autour de la chélidoine

Le nom « chélidoine » provient du grec chelidôn, signifiant « hirondelle ». Selon une ancienne croyance, les hirondelles utilisaient le latex de la plante pour ouvrir les yeux de leurs petits, d’où son association avec la vision et la clarté(1).

Au Moyen Âge, la chélidoine était couramment utilisée pour traiter diverses affections, notamment les troubles hépatiques, les verrues et les maladies oculaires. Elle était également considérée comme une plante magique, censée protéger contre les mauvais esprits.

3. Composition chimique de la chélidoine

La chélidoine contient une variété de composés bioactifs, principalement des alcaloïdes isoquinoléiques, tels que la chélidonine, la sanguinarine, la chélérythrine, la coptisine et la berbérine.(2)

Ces alcaloïdes sont responsables des propriétés pharmacologiques de la plante, mais également de sa toxicité potentielle. (3)

Outre les alcaloïdes, la chélidoine contient des flavonoïdes, des acides phénoliques, des saponines, des caroténoïdes, des huiles essentielles et des vitamines. Le latex de la plante est particulièrement riche en ces composés, ce qui explique son utilisation traditionnelle dans le traitement des affections cutanées.

4. Propriétés et usages traditionnels

Usage externe

Traditionnellement, le latex de la chélidoine est appliqué directement sur les verrues, les cors et les durillons. Son action caustique est censée aider à éliminer ces excroissances cutanées. Cependant, cette utilisation doit être effectuée avec prudence, car le latex peut provoquer des irritations cutanées.

Usage interne

La chélidoine a été utilisée en phytothérapie pour traiter les troubles hépatiques, les problèmes digestifs et les spasmes intestinaux. Elle est considérée comme cholérétique et cholagogue, favorisant la production et l’évacuation de la bile. Cependant, en raison de sa toxicité potentielle, l’usage interne de la chélidoine est désormais déconseillé sans avis médical (4).

5. Recherches scientifiques actuelles

Des études ont mis en évidence les propriétés pharmacologiques de la chélidoine, notamment ses effets anti-inflammatoires, antimicrobiens, antiviraux et antitumoraux. Par exemple, une revue de la littérature a souligné que les alcaloïdes de la chélidoine possèdent des activités antimicrobiennes et anti-inflammatoires (2). La chélidoine possède également des propriétés cholérétiques et favorise donc la production de bile par le foie. (5)

Cependant, d’autres recherches ont révélé des effets hépatotoxiques associés à l’utilisation de la chélidoine. Des cas d’hépatite ont été rapportés chez des patients ayant consommé des préparations à base de chélidoine, ce qui a conduit à des mises en garde de la part des autorités sanitaires (3) (4).

6. Comment utiliser la Chélidoine aujourd’hui ?

Partie utilisée

La partie aérienne de la plante, notamment le latex, est utilisée pour les applications externes. L’utilisation interne est fortement déconseillée en raison des risques de toxicité hépatique.

Mode d’emploi traditionnel pour les verrues

Appliquer une goutte de latex frais directement sur la verrue, une à deux fois par jour, en évitant le contact avec la peau saine. Cette méthode doit être utilisée avec précaution et sur une courte période.

Précautions d’emploi et contre-indications

7. Récolte et conservation

La chélidoine est récoltée au printemps, lors de sa floraison. Il est recommandé de porter des gants lors de la cueillette pour éviter le contact direct avec le latex. Après la récolte, les parties aériennes peuvent être séchées à l’ombre dans un endroit bien ventilé.

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Conclusion

La chélidoine est une plante aux multiples facettes, riche d’une histoire médicinale ancienne. Si ses propriétés thérapeutiques sont reconnues, notamment en usage externe, il est essentiel de l’utiliser avec prudence en raison de sa toxicité potentielle. Avant toute utilisation, il est recommandé de consulter un professionnel de santé et de privilégier des alternatives plus sûres lorsque cela est possible.

Bibliographie

(1) https://www.inherba.it/en/chelidonium-use-properties-tradition/

(2) Alkaloids in Chelidonium majus L: a review of its phytochemistry, pharmacology and toxicology.

Li XL, Sun YP, Wang M, Wang ZB, Kuang HX. Front Pharmacol. 2024 Aug 22;15:1440979. doi: 10.3389/fphar.2024.1440979. eCollection 2024.

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11374730/

(3) https://www.toxiplante.fr/monographies/chelidoine.html

(4) EMA (Agence Européenne du Médicament). (2011). Assessment report on Chelidonium majus L., herba.

https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-report/final-assessment-report-chelidonium-majus-l-herba_en.pdf

(5) https://www.thieme-connect.de/products/ejournals/abstract/10.1055/s-2006-958070

The effect of Chelidonium majus herb extract on choleresis in the isolated perfused rat liver.Vahlensieck U, Hahn R, Winterhoff H, Gumbinger HG, Nahrstedt A, Kemper FH. Planta Med. 1995 Jun;61(3):267-71.

Autres références :